Echo du CNHIM

Marie-Caroline HUSSON

Pharmacienne, praticien hospitalier
Rédactrice en chef Dossier du CNHIM

Infection à VIH : une 2ème édition qui témoigne de progrès thérapeutiques majeurs

La précédente édition de Dossier du CNHIM sur les traitements antirétroviraux (ARV) dans les infections par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) date de fin 2002 (2002, XXIII, 5-6), soit 14 ans !

S’il est bien un domaine où les connaissances ont évolué à vitesse accélérée c’est bien celui-là. Cette actualisation était donc indispensable mais il fallait trouver une équipe partante pour cet important travail de compilation et d’analyse des connaissances.

En 2002 déjà c’était l’équipe de Marseille menée par Albert Darque qui avait réalisé ce travail ; depuis, l’équipe s’est renouvelée bien sûr, et de jeunes auteures ont pris le relais avec une efficacité et une rigueur remarquables – Julie Coussirou (coordinatrice), Jihen Boussetta, Hélène Adam, Élodie Protesti. Je les en remercie vivement. 

Une actualisation de tous les aspects de la maladie et ses traitements

Cet article traite des différentes facettes de cette pathologie et de ses traitements, en l’état actuel des connaissances : épidémiologie ; diagnostic ; cycle de réplication, transmission et physiopathologie du VIH ; médicaments antirétroviraux, mode d’action et génériques, les associations ; stratégies thérapeutiques chez le malade naïf, en cas de complications et dans des populations particulières, traitement préventif (TASP) ; automédication et éducation thérapeutique ; perspectives thérapeutiques.

 Enfin 4 annexes apportent des précisions très concrètes pour le malade sur les thérapeutiques antirétrovirales : principales associations de malades, classification CDC de l’infection VIH, règles de prise du traitement en cas d’oubli, modalités de prise des spécialités antirétrovirales(écraser ? dissoudre ? ouvrir les gélules ?).

Une prise en charge globale très améliorée

La population des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) a vieilli, ses attentes ont évolué, pour une meilleure
qualité de vie en particulier.

Elles sont beaucoup mieux prises en charge en France qu’il y a 15 ans, du fait essentiellement d’un accès facilité et élargi aux traitements ARV, de la commercialisation de formes combinées d’ARV, et de l’apparition de nouvelles classes d’ARV plus efficaces avec moins d’effets indésirables.

L’apparition des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) a permis par ailleurs de « démocratiser » les dépistages de l’infection par le VIH. Enfin le développement de l’accompagnement médicopsychosocial des PVVIH dans toute la France permet une véritable éducation thérapeutique (observance, prévention des nombreux risques d’interactions médicamenteuses et des complications liés aux effets indésirables notamment) et une organisation en réseaux participant à la lutte contre les discriminations. Une organisation dans laquelle le pharmacien a un rôle majeur.

Les stratégies thérapeutiques de l’infection par le VIH se sont considérablement étoffées depuis les années 2000 avec la découverte de nouvelles classes comme les inhibiteurs de l’intégrase, les inhibiteurs d’entrée ainsi que la toute dernière classe des inhibiteurs de maturation encore en phase d’essai. Les médicaments et les stratégies sont tous présentés et analysés dans cet article. Il est recommandé de traiter le malade le plus tôt possible, dès la découverte de la séropositivité.

Le dynamisme de la recherche dans ce domaine du VIH – nouvelles thérapies, nouvelles substances actives ARV, nanoparticules chargées d’ARV, vaccins, thérapie génique – génère beaucoup d’espoir chez les malades pour des traitements mieux tolérés et plus efficaces.